Juillet 1998 lyrics

Songs   2024-12-29 08:09:20

Juillet 1998 lyrics

Vendredi 5 Juillet, 22h57.

Je descends la rue dans la chaleur de la nuit.

Pas mal de monde, pas mal de bruit.

Un léger souffle d'air tiède traverse mon t-shirt

Et glisse sur ma peau.

Ça fait comme les caresses d'une ado timide.

Les trottoirs et la chaussée sont pleins,

Y a de tout : des Blancs, des Turcs, des Cainfrs,

Des Indiens, des Albanais, des Pakis,

Des gens pouilleux, des gens sapées, des filles jolies.

J'en croise une plus âgée que moi

Et je me dis que j'aimerais bien essayer une fois pour pas mourir idiot.

Je circule entre les épiciers, les taxiphones, les kebabs louches.

Les affiches de chanteur du moment mondialement inconnu

Et les bars branchés Où j'ai jamais trop su comment me tenir

Mais c'est pas grave si certains y sont bien,

Alors c'est bien !

Ça sent le cumin et le safran,

La bière renversée, la cigarette, la viande grillée.

Ça sent l'été, le vrai, celui qui répare

Et déjà je dois m'engouffrer dans la station.

C'est pas grave, ce soir rien peut me toucher.

Dans les galeries pas de grosse surprise,

Encore cette odeur douteuse

Et ces 4 par 3 toujours pas indispensables

Pour un film obscur qui fera surement un four,

Une comédie raston.

La énième tournée d'un groupe de vieux musiciens aux cheveux teints.

Pour des spectacles de jeunes comiques en théorie pas hyper marrants.

Pour des marques de vêtements portés par des filles

Qui ont l'air d'avoir des problèmes avec leur père

Et une campagne pour la mobilité qui sensibilisera peut-être personne

Mais avec une actrice plutôt mignonne.

Et là, je recroise ces deux filles longilignes qui se tiennent par la main.

C'est justement les mêmes que j'ai vu hier près de chez mon oncle.

Je trouve ça touchant et étrange

Autant que cet immense guinéen au bout du couloir

Qui braille avec une voix métallique comme un putain de cor tibétain.

Une goutte d'eau croupie tombe des poutres Eiffel

Dont la peinture fait des cloques.

Elle atterrit dans mon coup, c'est dégelasse

Mais j'ai pas le temps de jurer.

J'entends la sortie de la rame au loin.

Ce soir rien peut me toucher,

Je flotte au dessus du sol, les planètes sont alignées

Dans la rame un kosovar qui joue d'une trompette-violon bizarre.

Je me demande quelle vie il avait avant,

Tandis qu'il anime mon trajet et celui du groupe de Ricains à côté.

Ils ont l'air un peu perdu avec leur physique tout lisse de gros bébé du futur.

J'arrive à mon changement,

Je passe devant les vendeurs de fausses clopes à la sauvette

Qui courent, qui crient, presque toute la journée.

Ça m'effrayait parfois quand j'étais gamin

Et qu'on venait dans le quartier avec ma mère et les frangins

Mais maintenant ça va, maintenant c'est cool.

Je monte vers le quai de la plateforme aérienne

Et à chaque fois que je suis là, bizarrement,

Je repense à cette fille avec qui j'ai fait l'amour pour la première fois.

Elle habitait juste à côté.

On m'avait dit que c'était un peu une traînée mais en vrai pas tant.

Ça avait été une jolie nuit.

Je laisse mes pensées dériver où elles veulent,

Constatant avec satisfaction le plaisir d'arriver

À faire rouler les images et les mots comme sur des colliers de perles.

Mais j'oublie pas que je dois faire des chansons

Dans tous les cas, ce soir, rien peut me toucher,

Je flotte au dessus du sol, les planètes sont alignées

J'ai vingt-sept ans, bientôt vingt-huit.

C'est fou comme le temps file.

J'ai vingt-sept ans, bientôt vingt-huit.

Et je pourrais me dire que les belles années sont derrières moi.

J'ai vingt-sept ans, bientôt vingt-huit.

Pourtant j'ai pas de regrets.

J'ai vingt-sept ans, bientôt vingt-huit.

Et ce soir, j'ai l'impression d'être en 98.

Je sors et toujours la chaleur dehors.

J'avance sous la voûte des marronniers qui font comme une tonnelle.

Je serais bien aller dans les magasins pas loin,

Chez ces mecs pas méchants, mais un poil suffisants

Poser mes doigts sur un instrument

Mais c'est fermé et puis faut que j'avance.

Tout d'un coup, sortie de je sais pas où, de la musique genre malienne

Mais chantée en espagnol ou peut-être de la folk indienne.

En tout cas, un truc que j'ai jamais entendu mais j'aime bien.

On dirait Dear Prudence, y a des drums rondes et mates et asynchrones.

Ça intéresse pas beaucoup les blédards désœuvrés qui traînent dans l'allée.

On arrête pas le buis' aller, ça s'enjaille, ça s'embrouille.

Y a une odeur nouvelle dans l'air depuis quelques temps.

Une odeur d'apocalypse.

Je me surprends à penser que le déclin est arrivé, ça y est c'est pour nous.

Mais malgré, tout je suis pas si inquiet, après tout faut arrêter,

On a de la ressource, on est pas les derniers burnés,

On va se démerder, bref.

Je suis arrivé en bas de l'immeuble terminus, je dois monter.

Ce soir rien peut me toucher,

Je flotte au dessus du sol, les planètes sont alignées.

J'ai vingt-sept ans, bientôt vingt-huit.

C'est fou comme le temps file.

J'ai vingt-sept ans, bientôt vingt-huit.

Et je pourrais me dire que les belles années sont derrières moi.

J'ai vingt-sept ans, bientôt vingt-huit.

Pourtant j'ai pas de regrets.

J'ai vingt-sept ans, bientôt vingt-huit.

Et ce soir, j'ai l'impression d'être en 98.

  • Artist:Fauve ≠
  • Album:Vieux frères – Partie 2 (2015)
Fauve ≠ more
  • country:France
  • Languages:French
  • Genre:Singer-songwriter
  • Official site:http://fauvecorp.com/
  • Wiki:http://fr.wikipedia.org/wiki/Fauve_%28collective%29
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