La Gwerz de Kiev lyrics
La Gwerz de Kiev lyrics
1
Hervé le Saint-Patron des bardes
M’a donné l’inspiration
Il m’a donné l’inspiration une fois encore
Pour composer un chant
Pour composer un chant nouveau
Une Gwerz sur la famine
Sur la grande famine de Kiev
Qui a emporté trois millions de personnes
Qui a emporté trois millions de personnes
Et cela par la décision d’une seule :
2
Malheur, mille malheurs aux hommes rouges
Malheur, malheur rouge au mois de décembre
Quand ils sont venus dans le pays
Pour prendre tous nos biens
Pour prendre nos bêtes et notre blé
Ils ne nous ont rien laissé
Vides les écuries, vides les greniers
Nous voici dans la misère !
3
Au voyageur qui demandera le chemin de Kiev
Vous répondrez ainsi :
« Suivez les chiens sauvages dans les champs
Ils vous y mèneront sans détour !
Suivez les corbeaux dans le ciel
Ils vous y conduiront sans peine ! »
Et à Kiev quand il arrivera
Il n’y trouvera que désolation
Il n’y trouvera que des gens morts
Le long des rues par centaines
Des gens morts de faim
Sur eux des charognards faisant banquet
Il verra aussi un petit enfant seul
Pleurant et appelant sa mère
Des corbeaux planant au dessus
Ils n’auront plus longtemps à attendre.
4
« -Qui donc frappe à ma porte si tard
Demandant à entrer ?
Si c’est la Mort
Qu’elle vienne au plus vite
Qu’elle vienne au plus vite
Pour abréger mes souffrances !
-Madame, je ne suis pas la Mort
Mais un simple voyageur
Un simple voyageur surpris par la nuit
Cherchant un endroit où se reposer
Cherchant un lit où dormir
Un morceau de pain et un peu d’eau !
-Hélas, je n’ai pour toute eau
Que de la pluie croupie et des larmes amères
Et pour toute nourriture que de la terre froide
Dont il ne reste plus aucune racine
Et pour tout lit que des tréteaux funèbres
Sur lesquels se trouve la dépouille de mes enfants
Enveloppés tous trois dans un même linceul
Mon époux les berce en fredonnant
Il a perdu la raison ! ».
5
Dans une maison où il y avait sept enfants
Il n’en restait plus que trois à cause de la famine
Leur père les regardait avec désespoir
Tout en demandant à son épouse qui pleurait :
« Lequel des trois tuerons-nous
Pour donner aux deux autres à manger
Le petit ou le grand ?
Le petit ou le moyen ?
Je ne peux pas choisir ! »
Il n’avait pas fini de parler
Qu’il prit un grand couteau
Et se l’enfonça dans la poitrine !
6
Et voici l’été qui revient
Et le blé nouveau qui se lève
Cette année, il ira se perdre
Il ira se perdre dans le vent
Mais le souvenir de la famine restera
Le souvenir de la famine restera toujours
Tant que ces paroles seront chantées
En hommage aux gens de Kiev
Tous morts cruellement
L’hiver de l’an mille neuf cent trente deux.
- Artist:Denez Prigent